La Vie comme elle vient
Alex Lorette / Denis Mpunga
Propos
La vie comme elle vient est un texte qui s’écoule comme un fleuve. Un texte qui déroule le parcours de vie d’une femme, Lucie. Elle est Belge, née en Afrique dans un village le long du fleuve Congo. Sa mère meurt en couches, le père souvent absent parcourt le pays en faisant de la prospection pour une société minière. Cette fille de colons, sera élevée dans la maison de son grand-père, par une nourrice noire, Massiga. Massiga la nourrit de lait et d’amour, elle lui apprend à parler, à marcher, et Lucie se sent devenir noire au-dedans. Mais un jour, il lui faut rentrer au pays, la Belgique, et tout bascule.
Entre Congo et Belgique, à travers le destin de Lucie et sous le regard de sa fille, Félicité, et de tous les hommes qui auront traversé sa route, La vie comme elle vient se raconte à trois voix, dans la langue simple et superbe d’Alex Lorette, et parle de féminité, d’exil, de maternité, de pays fantasmé, de résilience aussi. Lucie s’est arcboutée sous les tempêtes, elle s’est défendue, elle a résisté. Jo Deseure, magnifique Lucie incandescente et forte, vous fera traverser toutes les années à sa suite, en vivant sa vie, comme elle vient.
«Le parcours de vie d’une femme qui, tout en étant blanche à l’extérieur, se sent noire à l’intérieur et se retrouve en situation d’exil dans un pays qu’elle ne ressent pas comme étant le sien, m’est apparu comme un récit pouvant avoir vocation de fable plus universelle. Il entre en écho avec la situation de nombreux exilés, que ceux-ci vivent un exil apparent en raison de leur couleur de peau, ou bien un exil moins visible en raison, par exemple, de leur langue ou de leurs croyances. Il m’a semblé juste de travailler sur base du récit intime de la vie de cette femme, pour entrer de manière indirecte dans l’histoire du Congo, mais plus largement dans l’histoire de la Belgique et de l’Europe occidentale «blanche». Par-delà le registre de la sensation, il me semblait que ce récit intime offrait une porte d’entrée subtile dans un propos plus politique.» Alex Lorette
Distribution/Mentions
Texte Alex Lorette
Mise en scène Denis Mpunga
Avec Jo Deseure, Elsa Poisot et Djibril Sarr alias « Majnun »
Assistant à la mise en scène Glenn Kerfriden
Scénographie et Costumes Emilie Jonet
Lumière Marc Lhommel
Création sonore Elvin Vanzeebroeck
Construction décor Guy Carbonelle
Prêt des objets d’Art Alain Wilket et Anne Laurent
Coproduction Théâtre le Public, Atelier Théâtre Jean Vilar et La Charge du Rhinocéros
Avec le soutien du Tax Shelter de l’État Fédéral Belge via Belga Films Fund et de la Communauté Française
Diffusion La Charge du Rhinocéros
Le texte est publié chez Lansman
Informations pratiques
- Durée : 1h30
- Public : tout public
- Code Art & Vie : 1195-76
Espace Pro
Ce qu'en dit la presse
Sur la scène du Théâtre Le Public, ce « là-bas » est superbement symbolisé par la scénographie et les costumes d’Émilie Jonet. Telle une reine africaine, Jo Deseure trône, parée d’étoffes bigarrées et d’imposants bijoux, au milieu du plateau tandis que de grands tissus inondent le sol, métaphore du fleuve Congo. Habitée puis fantasmée, cette terre africaine ancre La vie comme elle vient en un récit identitaire à contre-courant de ce que chacun peut percevoir de l’identité d’autrui. Un texte éclairant qui donne aussi à considérer sous un autre angle le colonialisme et la dichotomie entre Noirs et Blancs.
Stéphanie Bocart, La Libre Belgique
Écrit par le Belge Alex Lorette, La vie comme elle vient n’est pas que le portrait d’une femme déracinée qui ne se sent chez elle nulle part. C’est aussi leportrait d’une Belgique catholique et petite-bourgeoise, aux idées étriquées. Dans le rôle de Lucie, Jo deseure (Magritte de la meilleure actrice pour Une vie démente) est grandiose en reine déchue, assise sur son trône de paille, à l’identité hyvride qui n’est jamais rentrée dans aucune case.
E.R., Moustique
La langue énergique et souple d’Alex Lorette rend cette confession passionnante. De courtes séquences illustratives aèrent le monologue. Ainsi Elsa Poisot souligne la gravité de la crise vécue par Félicité et Majnun, affublé du casque et du costume blancs, rend risibles les mérites des colonisateurs. Cependant Denis Mpunga, le metteur en scène, a veillé à ce que ces interventions ne nous éloignent pas de la narratrice. Il s’est contenté aussi d’évocations musicales très discrètes, pour réchauffer ses souvenirs. C’est bien la qualité du texte, remarquablement maîtrisé par Jo Deseure, qui rend ce spectacle émouvant et profond.
Jean Campion, Demandez le programme